jeudi 28 mars 2013

Izambard poète, par Jacques Bienvenu



© Yves Jacq



Nous sommes le 13 juin 1886. Dans un grand journal, Le Gil Blas, où des écrivains connus comme Maupassant collaboraient, était annoncée une mince plaquette de poésie avec une préface de Jean Richepin que le journal publiait. Le tirage, luxueux, en papier japon, comportait  500 exemplaires. Il s’agissait d’un poème d’Izambard intitulé : Collage. Par une sorte de coïncidence, c’est exactement au même moment qu’une revue assez confidentielle, La Vogue, publiait Les Illuminations d’Arthur Rimbaud. 





À cette époque, Izambard ne soupçonnait pas une seconde que son ancien élève était un grand poète. Certes, il avait bien rencontré Verlaine l’année précédente et  lui avait communiqué des manuscrits de l’année 1870 que lui avait confiés l’auteur d’À la Musique. Mais, il ne recherchait pas, à ce moment, les trésors qu’il possédait comme la lettre du Voyant que Rimbaud lui avait envoyée le 13 mai 1871. Pourtant, cette lettre, il ne l’avait pas oubliée, mais elle lui avait tellement déplu qu’il ne la publia que 42 ans plus tard ! En effet, Rimbaud s’était permis de lui dire, sans aucun ménagement, que sa poésie serait toujours horriblement fadasse et qu’il finirait comme un satisfait qui n’a rien fait ! L’auteur du Bateau ivre avait fait publier, lui aussi, 13 ans avant Collage, un chef-d’œuvre en une mince plaquette tirée elle aussi à 500 exemplaires mais sur papier ordinaire. On sait qu’il ne put y avoir d’écho dans la presse, car aucun livre ne pouvait être vendu, dans la mesure où ils étaient restés chez l’imprimeur à l’exception de quelques exemplaires d’auteur dont l’un fut communiqué à Richepin (qu’est-il devenu ?). Quelques mois après l’annonce du livre d’Izambard Une Saison en enfer paraissait dans La Vogue. Aujourd’hui la plaquette d’Izambard est beaucoup plus difficile à trouver que l’édition originale de la Saison et il est permis de penser que le nombre de ceux qui ont lu Collage, en notre temps, est proche de zéro. Il n’est donc pas inutile d’en révéler quelques extraits.

Que valait la poésie d’Izambard en 1886 ? Rimbaud avait-il fait une juste prédiction ? Le livre d’Izambard en dépit de son annonce dans Le Gil Blas n’eut aucune réception critique et aucun succès selon l’aveu même de l’ancien professeur. Cependant, à la fin de sa vie, en 1930, dans une de ses dernières lettres, il souhaitait qu’une réédition de son poème Collage fût réalisée pour que l’on sache enfin qu’il était poète, lui aussi ! Nous offrons aux lecteurs le soin de lire quelques pages qui lui permettront de constater que Rimbaud n’avait peut-être pas tout à fait tort dans son jugement. Je remercie vivement Yves Jacq de m’avoir communiqué et autorisé à publier des images de son livre rarissime.

© Yves Jacq
© Yves Jacq
© Yves Jacq

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