mardi 30 décembre 2014

Trois juin 2014

La page personnelle de Raoul Perrot, signale que le Laboratoire d'Anthropologie Anatomique et de Paléopathologie de M. Raoul Perrot a été selon ses propres termes "arbitrairement fermé" le 3 juin 2014.La dernière mise à jour de son site est toute récente : le 17/12/ 2014. Libre à chacun de se faire sa propre opinion. Rimbaud ivre s'intéresse uniquement à la question de la photographie d'Aden.

Pour les travaux de Raoul Perrrot, qui ont inspirés ceux du docteur Poreau, les meilleures informations ont été données sur le blog de Jacques Desse.



lundi 29 décembre 2014

Premier Juin 2013

Le premier juin 2013, dans l'émission "Les savanturiers" sur France inter, Jean-Jacques Lefrère avait annoncé la sortie d'une "démonstration vraiment définitive" prouvant la présence de Rimbaud sur la photographie d'Aden.

On peut encore écouter à ce jour l'enregistrement portant notamment sur les dessins préhistoriques, sujet qui a donné lieu à une polémique. L'annonce concernant la photographie d'Aden, brièvement inséré dans l'émission, commence à 44'01".

La démonstration du docteur Poreau a été publiée un an après environ.

samedi 27 décembre 2014

La réapparition

Rimbaud par David Levine. DR.


Nous savons où se trouve Brice Poreau, le véritable Brice Poreau, le Poreau  de l'identification scientifique de la présence de Rimbaud sur la photographie d'Aden.

Ceci n'est ni une plaisanterie ni une fumisterie ! Nous affirmons que nous connaissons le gîte du fameux disparu.

Rendu célèbre au mois d'avril par la presse, le chercheur ayant utilisé la méthode biométrique de similarité pour identifier Rimbaud avait donné des résultats concluants qui montraient une très forte probabilité pour que le grand poète des Illuminations soit sur  le Coin de table à Aden.

Brice Poreau devenu docteur, le 4 juillet 2014, peu après ses magistrales démonstrations possède une page personnelle à l'Institut des neurosciences de Grenoble. Tout le monde peut y avoir accès (si toutefois elle ne disparaît pas). Nous avons pu avoir une longue conversation très cordiale avec Brice Poreau et nous lui avons demandé de bien vouloir s'exprimer sur notre blog. Nous lui demandons notamment une petite explication sur la disparation du laboratoire d'anthropologie où il avait fait ses publications biométriques. Rimbaud ivre ayant joué un rôle reconnu concernant la photo d'Aden, cette intervention serait très appréciée. Nous avons pu joindre son directeur de thèse qui nous a donné très aimablement des informations intéressantes sur Brice Poreau et c'est lui qui nous a conseillé de joindre directement le brillant chercheur.

Quoi qu'il en soit Rimbaud ivre jouera son rôle d'information. Des éclaircissements vont être donnés ; est-il besoin de le préciser sans aucun esprit de polémique. 

En attendant, pour ceux qui veulent se remémorer cette affaire nous conseillons un blog peu connu, rédigé en anglais par un certain Tyler (ce qui montre le rayonnement international de cette affaire!), The tarpeian rock qui  donne, en cinq parties, avec beaucoup d'images introuvables aujourd'hui, un historique des recherches sur cette photographie. On consultera en particulier le chapitre V concernant Brice Poreau qui a convaincu l'auteur du blog. Le lecteur peut aussi lire les quatre autres parties où Rimbaud ivre est largement cité. 

Dans cette dernière partie on parle de Stephane Barsacq l'éditeur bien connu, qui semble avoir les mêmes idées que M. Tyler.

 A très bientôt !

mardi 23 décembre 2014

La disparition et la réapparition, par Jacques Bienvenu

Source : Gallica



Dans La France moderne du 19 février 1891 était annoncé un scoop : on avait retrouvé Rimbaud qui commençait à devenir une légende. Le texte de ce scoop est parfois mal retranscrit ou n'est pas mentionné (voir l'annexe à la fin de l'article) . Voici ce texte :

Cette fois-ci, nous le tenons !
Nous savons où se trouve Arthur Rimbaud, le véritable Arthur Rimbaud, le grand Arthur Rimbaud, le Rimbaud des Illuminations !
Ceci n'est pas une fumisterie décadente. Nous affirmons que nous connaissons le gîte du fameux disparu.
Qui veut accepter un pari ?
Petites revues et grands journaux, qu'on se le dise...Nous ne le dirons pas.

Or sur la même page, la revue phocéenne annonçait la disparition d'un autre poète : Germain Nouveau : « Ce poète a quitté la scène mondaine. Où est-il ? Nul ne le sait ! » On y citait un article de Camille de Sainte-Croix reprochant à Verlaine d'avoir oublié son « frère de lettres » et « compagnon d'armes ». Comme pour prouver la filiation littéraire entre Nouveau et Verlaine La France moderne donnait à lire un sonnet du poète provençal intitulé : Un peu de musique. Ce sonnet était composé en vers de sept syllabes à rimes féminines comme Mandoline un poème des Fêtes galantes. Nouveau parodiait visiblement Verlaine. 




Le sonnet de Nouveau avait été publié pour la première fois dans le numéro 16 du 24 mai 1873 de La Renaissance littéraire et artistique que Verlaine avait lu à Londres. Un peu de musique a peut-être incité Verlaine à composer son Art poétique écrit au plus tard en 1874 : « De la musique avant toute chose / Pour cela préfère l'impair / Plus vague et plus soluble dans l'air ». On sait que Verlaine ne connaissait pas encore l'auteur des Valentines à cette époque.


Laurent de Gavoty, seul poète qui ait, semble t-il, cherché à joindre Rimbaud de son vivant1 à Aden, le 17 juillet 1890, lui demandait de collaborer à la revue comme chef de l'école décadente et symboliste ! La France moderne avait déjà signalé discrètement qu'il connaissait la retraite de Rimbaud, le 24 juillet 1890. Cette information ne pouvait pas émaner dune réponse de l'auteur des Illuminations : le délai d'une semaine étant trop court pour le courrier de l'époque. Il est plaisant d'observer que sur la même page de la revue, Laurent de Gavoty publiait un article intitulé : Excentriques disparus (voir notre image en tête de l'article), dans lequel il disait ne pas apprécier à titre personnel les décadents et les symbolistes ! Dès 1890, Rimbaud commençait à être connu dans les milieux littéraires. Le sonnet Voyelles avait été imprimé par un très grand nombre de revues. Maupassant le cite dans La Vie errante, publiée en 1890, en précisant : « le célèbre sonnet d'Arthur Rimbaud ». La Plume offrait au public, le 15 mai 1890, un long article de Pierre l'Ardennais (alias Rodolphe Darzens), transmis par Mallarmé et consacré à Rimbaud. Le 15 septembre 1890, la même revue réalisait un numéro exceptionnel consacré aux décadents et divulguait un poème inédit de Rimbaud Paris se repeuple. On ignorait alors ce que le poète était devenu. Des légendes couraient sur lui. Dès lors, en février 1891, la réapparition de Rimbaud pouvait en effet être considéré comme un scoop. Nouveau, lui, devra attendre de longues années avant de faire à son tour sa réapparition.

On voit qu'une disparition peut être suivi d'une réapparition. Ceci est instructif. Petites revues et grands journaux, qu'on se le dise...Nous le dirons.


Annexe :

L'annonce de la réapparition de Rimbaud dans La France moderne a été transcrite au fil du temps par les critiques et les rimbaldiens. Elle fut signalée pour la première fois dans le numéro spécial du centenaire du Bateau ivre en septembre 1954. La retranscription était légèrement fautive. Il était écrit « le grand Rimbaud, le véritable Rimbaud » au lieu de l'inverse. Il manquait aussi le mot « -ci » et les points de suspensions à la fin. En 1968 Etiemble retranscrit une version encore plus fautive. (n°126, Génèse du Mythe). Il reproduit les erreurs du Bateau ivre et en ajoute une : «  le véritable Rimbaud » au lieu de «  le grand Rimbaud ». Il donne de plus une mauvaise référence : Bulletin des amis de Rimbaud de 1950 au lieu de 1954 (voir notre article sur les erreurs d'Etiemble). La « Pléiade » de 1972 revient à la transcription fautive de 1954. Jean-Jacques Lefrère adopte le texte de la « Pléiade » auquel il ajoute une erreur très personnelle. Il remplace le mot «  fumisterie » écrit en italique par le mot « plaisanterie » (dans la biographie et l'édition de la correspondance de Rimbaud). Enfin on peut regretter que la dernière «  Pléiade » ne mentionne pas l'annonce de La France Moderne du 19 février 1891 dans la section Vie et documents où elle aurait eu sa place. Elle n'est pas davantage signalée dans le récent Dictionnaire Rimbaud de la collection « Bouquins ».







1  Germain Nouveau écrira à Rimbaud à Aden deux ans après sa mort.

lundi 22 décembre 2014

Hommage aux poètes, sans oublier l’icône Arthur Rimbaud
Et si, pour briser l’encerclement des mauvaises nouvelles, de l’information immédiate, de la morosité, nous respirions de la poésie ? Comme un oxygène nécessaire à la vie.

mercredi 17 décembre 2014

Une idée suscitée par le dessin animé d'Erwan Le Gal



En regardant le magnifique dessin animé d' Erwan Le Gal, j'ai pensé aussi au Trésor de Rackham Le Rouge d'Hergé. On y voit le même genre de scaphandre, une île, un bateau englouti, un trésor, des requins et même Le Nautilus qui ressemble au sous-marin inventé par Tournesol.

Il se trouve qu'il existe une source méconnue de cette œuvre majeure d'Hergé qui est précisément un livre de Jules Verne : Les enfants du capitaine Grant où trois messages sont trouvés dans un requin. Ceux-ci par superposition donnent la clé du mystère. Je viens de relire cet ouvrage publié en 1868 et je me demande si on aurait pas là aussi un intertexte important de l'oeuvre de Rimbaud. Pas seulement d'ailleurs pour Le Bateau ivre,
  


mais aussi à cause des « rios » et des « pampas », mots que l'on trouve dans d'autres poèmes de Rimbaud. Une piste à explorer peut-être davantage.

Je remercie Erwan Le Gal d'avoir redonné à Jules Verne toute son importance pour Rimbaud. Il y a un passage dans le livre qui a peut être marqué Hélène Grimaud : Les loups rouges

JB

dimanche 14 décembre 2014

La disparition

Nous avions déjà observé que tous les liens concernant la méthode biométrique de Brice Poreau pour identifier Rimbaud sur la photographie d'Aden nous donnaient comme résultat  404 Not Found.

Voyez les liens ci  dessous :


On arrive sur la page du laboratoire S2HEP de Brice Poreau (Sciences, Société, Historicité, Éducation et Pratiques) et on lit :

Ressource introuvable
La page que vous avez demandé n'existe pas.


Nous nous permettons de signaler cette nouvelle disparition.

On nous informe, ce jour 15 décembre, que Brice Poreau fait partie des membres permanents du laboratoire et que son nom y figure mais que son lien est désactivé. Voir le commentaire.








mercredi 10 décembre 2014

Citer un article du blog

Pour citer un article il faut utiliser les normes suivantes :

Nom de l'auteur / titre de l'article / consulté le : jour, heure, minute / adresse électronique.

Il est important de donner la date car un texte électronique peut être modifié à tout moment. 

Voici un exemple de citation bien faite :

Jacques Bienvenu, « la pagination des Illuminations, consulté le 26/09/2012 sur internet à l’adresse : http://rimbaudivre.blogspot.fr/2012/02/la-pagination-des-illuminations-par.html.
Cité par : Michel Murat,  L’Art de Rimbaud, Corti, 2013, p.204, note 27.

Néanmoins, Il aurait fallu préciser aussi l'heure et la minute de consultation.

Naturellement, il arrive que le blog ne soit pas cité du tout. C'est le cas d'un petit livre sur Rimbaud, publié cette année, qui profite de la découverte de Yves Jacq concernant Maurice Bouchor, sans la mentionner.

Consolons nous :  si on est pillé c'est une preuve de richesse !


lundi 1 décembre 2014

Le Rimbaud nouveau, par Jacques Bienvenu







Dans la première partie de son livre : Du Nouveau chez Rimbaud, Eddie Breuil rappelant les incertitudes de la transmission des manuscrits des Illuminations reproduit un extrait de la lettre de Verlaine adressée à Delahaye envoyée deux mois après l'entrevue de Stuttgart :

Si je tiens à avoir détails sur Nouveau, voilà pourquoi. Rimbaud m'ayant prié d'envoyer pour être imprimés des « poèmes en prose » siens, que j'avais ; à ce même Nouveau, alors à Bruxelles ( je parle d'il y a deux mois), j'ai envoyé ( 2fr.75 de port !!!) illico... 

Eddie Breuil interprète ce passage en estimant possible : « que par  poèmes en prose  siens, Verlaine n'ait pas fait allusion à des poèmes de Rimbaud mais à ceux de Germain Nouveau. En effet, la tournure de la phrase dans laquelle « siens » est lu comme une référence à Rimbaud est ambigüe : Nouveau et Rimbaud ayant été évoqués précédemment [...]1 ».

Je laisse à Eddie Breuil cette interprétation d'une phrase de Verlaine dans laquelle Je ne vois rien d'ambigu. « siens » se rapporte naturellement à Rimbaud dont le nom est mentionné au début de la phrase. Verlaine connaissait les règles de la syntaxe.

Concernant les « 2fr.75 de port », il signale que j'avais donné un poids approximatif situé entre 70 et 90 gr dans mon article du Magazine littéraire intitulé « Les poids des Illuminations ». J'avais montré que cela correspondait dans tous les cas (envoi recommandé ou non) à la totalité des feuillets des poèmes en prose. Eddie Breuil fait un tout autre calcul. Il considère que l'hypothèse la plus élevée de 90 grammes (il précise 91,66 (!) grammes d'après une autre source) ne peut excéder dix-huit feuillets au format A4 au grammage de 80. Un feuillet au format A4 pèse 5gr et 18 x 5 = 90. Je ne comprends pas ce que viennent faire des feuillets de format A4 ( 21x29,7cm) pour les manuscrits des Illuminations. Je n'avais pu détailler mes calculs dans mon article mais observons par exemple que le feuillet que donnent en premier les éditeurs Après le Déluge mesure 117x112mm pour un grammage de 80. Ce qui donne un poids de 1gr. La plupart des autres feuillets mesurent environ 20cm sur 13cm pour un grammage de 60. Ce qui donne dans ce cas 1,56 gr. On est loin des 5gr d'un feuillet A4. Il en résulte évidemment une erreur d'Eddie Breuil sur le nombre possible de feuillets contenus dans le paquet de Verlaine et son interprétation.

En revanche, je pense qu' Eddie Breuil a raison quand il conteste la pagination admise des feuillets des Illuminations et quand, par ailleurs, il suggère que des blancs sur les feuillets on été utilisés pour transcrire des textes afin d'économiser du papier.(p.59)

Dans un chapitre intitulé « Le rôle joué par Rimbaud dans la copie des Illuminations » Eddie Breuil tente de montrer que Rimbaud a été le copiste de Germain Nouveau.

L'histoire du rôle joué par Germain Nouveau dans les manuscrits des Illuminations commence par un mémoire de Jacques Lovichi publié en 1962 à l'université d'Aix-en-Provence. Ce mémoire annonçait une thèse sur Germain Nouveau qui ne fut pas soutenue. Néanmoins, Jacques Lovichi a publié en 1975 dans le numéro 6 de la revue Rimbaud vivant un article intitulé « Germain Nouveau et les Illuminations ». Il suggérait que les deux poèmes où l'écriture de Nouveau est attestée sont de l'auteur des Valentines. Il concluait : « Je suis depuis plus de quinze ans l'involontaire lieu géométrique d'une vertigineuse interrogation. Et je n'ai toujours pas trouvé la réponse » (p.25). Dans le numéro 10 de Rimbaud vivant André Guyaux répondait à Jacques Lovichi. Son article s'intitulait : « L'écrivain et son scribe ». Il y donnait un argument confirmant la paternité du texte Métropolitain : dans la partie copiée par Nouveau celui-ci avait laissé un blanc et c'est Rimbaud lui-même qui, de sa main avait ajouté le mot « Guaranies ». Ceci n'avait jamais été signalé auparavant.

En 1978, Alexandre Amprimoz publiait au Canada une thèse remarquable sur Germain Nouveau. Il avait lu, à Aix-en-Provence où il avait résidé, le mémoire de Jacques Lovichi. Amprimoz reprit, dans une biographie de Nouveau publiée en 1983, l'idée déjà exprimée dans sa thèse que la participation de Nouveau aux Illuminations aurait pu être bien supérieure à celle d'un simple secrétaire.

Jacques Lovichi était resté prudent en reconnaissant qu'après 15 ans de réflexion , il n'avait pas la solution. Eddie Breuil lui, l'a trouvée cinquante ans plus tard et tente de nous expliquer que les Illuminations ont été composées en partie, voire en totalité par Germain Nouveau.


« Peut-on comprendre opéradiques  ? » demande Eddie Breuil à la page 78 de son livre. Il estime qu' il s'agit là d'une erreur manifeste et qu'il faut lire sporadiques. Il mentionne un article d'Underwood qui signale la présence de ce mot chez les Goncourt à propos de Watteau. Le problème est qu'il le cite mal car selon lui le chercheur britannique aurait mentionné la forme opératique plus proche de l’Anglais. Underwood a bien écrit « opéradique ». Observons au passage que c'est Bouillane de Lacoste qui est à l'origine de cette découverte comme le signale Underwood.

Underwood, Revue de littérature comparée, n°35, 1961, p.454


En outre, Eddie Breuil manque un argument qui aurait pu servir sa thèse : le texte sur Watteau des Goncourt a été repris dans La Renaissance littéraire et artistique le 22 mars 1873 dans un article intitulé : Trois notes sur Watteau. Eddie Breuil note que Nouveau s’intéressait à Watteau. Il cite le poème Style Louis XV de Nouveau, évoquant  des peintures exquises de Wateau, qui paraît justement dans le numéro précédent de La Renaissance du 15 mars 1873, mais il en donne une autre référence : celle d'un numéro de 1873 paru dans L'Artiste où le même poème avait paru sous un autre titre. Signalons que Verlaine avait reçu à Londres tous les numéros de la Renaissance et que Rimbaud aussi avait pu lire l'article des Goncourt.2

Extrait de l'article Trois notes sur Wateau comportant le mot "opéradique"


Pour expliquer le fait que Rimbaud éprouve du mal à déchiffrer les manuscrits de Nouveau, Eddie Breuil cite Michael Pakenham qui parle de l'écriture très peu lisible de Nouveau. Mais dans le même temps l'auteur reproduit dans son livre une magnifique illustration d'un manuscrit de Nouveau d'une écriture admirablement lisible et qu'il met en regard du manuscrit de Rimbaud « Villes »3. C'est un vrai miroir pour ceux qui douteraient encore de l'écriture de Nouveau dans les poèmes en prose de Rimbaud.

Selon Eddie Breuil nous aurions aussi l'explication du mot « Baou » du poème Dévotion dont le sens attesté par Mistral pourrait désigner l'herbe d'été en provençal. Précisons que nous n'avons aucun manuscrit qui permet d'assurer la transcription exacte des mots de ce poème. Mais comment comprendre que dans le poème Ouvriers qui serait aussi de Nouveau selon Eddie Breuil4, on trouve le mot « flache », ardennisme typiquement rimbaldien ? Enfin l'auteur utilise des reproductions partielles de manuscrits qui montrent des corrections qui sont simplement des corrections d'auteur et qu'il interprète comme une mauvaise lecture par Rimbaud du texte de Nouveau : «  Nombreuses sont les traces qui semblent montrer que Rimbaud a reproduit des systèmes d'écriture d'une façon hâtive, parfois sans comprendre ce qu'ils tendaient à indiquer. » Rimbaud piètre copiste, ne comprend même pas ce qu'il écrit !

C'est un peu dommage qu'Eddie Breuil ait donné à son ouvrage un tour aussi radical. Il n'était pas absurde de poursuivre les interrogations de Jacques Lovichi. C'est aussi une bonne idée de parler de Germain Nouveau poète incontournable pour ceux qui étudient Verlaine et Rimbaud. Pour ma part, je ne doute pas que Rimbaud soit l'auteur des Illuminations et je reconnais qu'il n'y a rien de nouveau dans cette opinion.

Le lecteur peut se forger sa propre idée en lisant  le livre d'Eddie Breuil édité chez Champion.

L'illustration au début de l'article est reproduite grâce au remarquable reprint de La Renaissance littéraire et artistique réalisé par les éditions Slatkine qui sont propriétaires des éditions Champion.


1 P.29
2 Signalons à cette occasion toute la reconnaissance que nous devons aux éditions Slatkine d'avoir réalisé le reprint de cette revue si importante pour les rimbaldiens.
3 Pages 100-101
4Longue justification pages 141-147.

vendredi 7 novembre 2014

La seule lettre rendue publique, dans laquelle Forain parle de Rimbaud, par Jacques Bienvenu






On sait que Jean-Louis Forain n’aimait pas que l’on parle du temps où il connut Rimbaud. Il fut souvent interrogé, mais jamais on ne put obtenir de lui des renseignements importants sur l’auteur du Bateau ivre. Un de ses biographe Jean Puget écrivait : « Forain, toute sa vie tira le rideau sur cette sorte de complicité dans les relations de Verlaine et Rimbaud. Il esquivait toute question concernant cette amitié fameuse dont il avait été l’intime et presque seul témoin. » Puget ajoute que pendant dix ans de relations suivies et amicales avec Forain il n’obtenait aucune réponse quand il prononçait notamment le nom de Rimbaud.

Cependant, il y eut une exception, celle du Figaro du 24 novembre 1923 dans l’article Le Point final où Forain évoque sa relation avec Rimbaud, publiquement, l’année même où il fut nommé membre de l’institut. Il convient de tenter d’éclairer cet événement.

Marcel Raval avait publié le poème Poison perdu dans les Feuilles libres de septembre-octobre 1923. Il en donnait simplement la transcription en le présentant comme inédit. Il n’en indiquait pas la source et ne remerciait personne pour cette publication.

On sait que Breton déclara le 21 octobre dans L’Intransigeant que Poison Perdu ne pouvait pas être de Rimbaud. Le lendemain Marcel Raval répliquait dans le même journal. Il convient de donner en entier cette information capitale :

« C’est l’obligeance de M. J-L Forain qui m’a valu de pouvoir publier ce sonnet. Personne n’ignore les liens de camaraderie qui unirent le poète et le peintre. Or c’est en 1874 exactement que Rimbaud remit lui-même à son ami le manuscrit de ce sonnet, qui est aujourd’hui en possession de ce dernier. »

C’était vraiment la pire chose qui puisse arriver à Forain, lui qui tenait tant à la discrétion sur ses relations avec Rimbaud, surtout à l’époque où il était membre de l’Institut. Le comble est que Raval indiquait comme date 1874, c'est-à-dire après le drame de Bruxelles. André Breton exigea alors qu’on produise le manuscrit de Forain. Il était impossible alors au peintre de s’esquiver. Mais dans Le point final ce n’est pas un manuscrit trouvé chez Forain qui a été publié et à cet article était joint une réponse écrite de Forain :

« Mes souvenirs sont formels. Le sonnet  Poison perdu est d’Arthur Rimbaud. Lui-même m’en avait remis une réplique de sa main, sinon le manuscrit original ainsi que d’autres vers de lui entre les années 1872-1873.  Ces manuscrits, je les ai conservés jusqu’en 1874. Partant faire mon service militaire, je les avais confiés à l’un de mes amis. Après ma libération, j’ai oublié de les lui réclamer et lui de me les rendre. Mon ami s’appelle encore ou s’appelait M. Bertrand Millanvoye. »

Observons la première phrase : «  mes souvenirs sont formels ». En 1923, ses souvenirs datent de cinquante ans… On peu s’étonner qu’il se souvienne précisément de Poison perdu. Du moins, il prend soin d’éliminer la date fâcheuse de 1874 donnée par Raval. En mars 1874, Forain était pourtant à Paris au moment où Rimbaud y séjournait avant de partir à Londres avec Germain Nouveau. Cette mémoire de Forain est d’autant plus surprenante qu’il avait complètement oublié le nom de Millanvoye dans les années 1880 au moment où Verlaine réclamait désespérément des poèmes inédits de Rimbaud. L’information qu’il donnait sur Millanvoye était connue depuis 1911 par Berrichon qui avait pu les faire acheter par Louis Barthou.

Un certain Maurevert a raconté comment il avait eu connaissance de ces poèmes de Rimbaud transmis par Forain à Millanvoye. C’est lui d’ailleurs qui le fit savoir à Berrichon. Cependant, il affirmait, après la polémique de Poison perdu, que dans le dossier de Millanvoye qu’il avait consulté, on ne trouvait pas de trace de ce poème contredisant l’information donnée par Forain.

Tout cela laisse un peu perplexe sur la déclaration de Forain. Il y des chances que Marcel Raval n’ait pas inventé qu’il avait pris la copie du poème chez le peintre. Répétons qu’aucune mention de la source du poème n’était indiquée dans Les feuilles libres, peut-être à la demande de Forain. Mais après la polémique où il était impliqué le peintre ne pouvait garder le silence. Il cautionnait à sa manière le fait que Poison perdu était de Rimbaud, mais déniait posséder le manuscrit. Marcel raval n’est plus intervenu estimant sans doute que la caution donnée par Forain suffisait et qu’il valait mieux en rester là.

Sur cette question voir la notice Poison perdu du Dictionnaire Rimbaud.

mercredi 29 octobre 2014

lundi 27 octobre 2014

Je suis réellement d'outre-tombe, Arthur Rimbaud



Charleville-Mézières (Ardennes). À l’entrée du cimetière de la ville, où est enterré Rimbaud, une boîte à lettres spéciale invite à lui écrire. (LP/Y.J.) Source.

samedi 25 octobre 2014

Infos

Le 20 octobre dernier, c'était le 160ième anniversaire de la naissance de Rimbaud. On peut consulter sur ce sujet le  site de francetvinfo où il est question, à la fin du reportage vidéo, du nouveau musée Rimbaud.

l'article est intitulé : Un sapin de Noël a tué Rimbaud.


On peut y lire ce passage remarquable : 

Il y a cent soixante ans, presque jour pour jour, naissait Arthur Rimbaud. Une occasion depuis quelque temps de célébrer celui qui, en 1873, lança ce qui allait devenir le cri de ralliement des artistes du XXe siècle : « Il faut être absolument moderne. » Réduisant la complexité de ce programme à une course en avant dans la destruction des codes et dans la réflexion narcissique de l’art sur lui-même, ceux qui s’en réclament oublièrent que Rimbaud était nourri de vers latins et de poésie classique, qu’il était né à l’écriture en même temps qu’il découvrait la souffrance humaine et l’engagement dans les rougeoiements de la Commune, et que son bouleversement du langage était aussi et surtout une quête mystique.

Notre prochain article est en préparation.

dimanche 19 octobre 2014

Les extraordinaires peintures et enluminures de Robert Lanz, par Jacques Bienvenu



La confusion des races, DR Musée Rimbaud

Robert Lanz, enlumineur, peintre et sculpteur est né à Paris le 1er juillet 1896 et mort à Genève le 24 décembre 1965. De 1937 à 1953, il se consacre à la transcription et l’enluminure d’Une saison en enfer et des Illuminations d’Arthur Rimbaud. En 1954 l’album des enluminures consacré aux Illuminations est présenté à la Bibliothèque Nationale de Paris lors de l’exposition du centenaire de la naissance du poète. On a la chance d’avoir accès gratuitement à une vidéo de l’INA de 1960 consacré à cet artiste original qui appartient à la longue galerie des fous sympathiques de Rimbaud. Le film  est malheureusement en noir et blanc, avec le style un peu démodé des interviews de l’époque.On y découvre un homme très simple qui garde un grand béret à l’intérieur de sa  maison remplie d’objets insolites. Il nous explique comment il a réalisé ces incroyables enluminures incrustées d’or pur et de platine. Observez, à la fin du film, la peinture qui figure en tête de l’article. Ce reportage est émouvant et poétique. 

                                                      À voir absolument !

On trouve dans La Grive de 1954, dont j’ai déjà parlé, une enluminure que l’on reconnaîtra au début de la vidéo quand Robert Lanz feuillette son album.




Aujourd’hui Robert Lanz est oublié. Il ne se trouve mentionné dans aucun catalogue ou livre récent consacré à Rimbaud. Il conviendrait de le redécouvrir. Nous aurons cette occasion lors de l’exposition d’ouverture du nouveau musée Rimbaud. Les trois peintures présentées sur ce blog sont celles qui ont été choisies pour cette exposition.


 Rimbaud sur la chaise de l'enfer. DR Musée Rimbaud.




DR Musée Rimbaud.

Signalons à cette occasion que l’inauguration du nouveau musée Rimbaud aura lieu entre juin et septembre 2015. Le blog Rimbaud ivre sera particulièrement attentif à cet événement culturel de première importance.

                  La reproduction de ces photographies inédites est strictement interdite.


lundi 13 octobre 2014

En allant voir une exposition, par Jacques Bienvenu



Effet d'orage sur le Vieux-Port, DR Fondation Regards de Provence.

J’ai vu hier la merveilleuse exposition « Marseille éternelle » au musée Regards de Provence situé en face du fameux Mucem. Je suis enthousiasmé par un peintre marseillais Joseph Garibaldi. Plusieurs de ses toiles représentent le Vieux-Port tel que Rimbaud a pu le voir lors de ses passages à Marseille.

À la boutique des livres du musée j’ai acheté  le Catalogue raisonné de l’œuvre de ce peintre, remarquablement présenté par Pierre Murat. J’ouvre le catalogue en rentrant chez moi  et je lis l'introduction :

1863

Garibaldi naît au moment où pointe la « modernité ». Modernité technique et c’est le premier métro à Londres, le Tube et ses locomotives à vapeur, ou l’invention par Solvay du procédé de fabrication de la soude. Modernité des grandes villes, de leur aspect « transitoire, fugitif, contigent », dont Baudelaire vante la constante métamorphose dans Le peintre de la vie moderne, paru cette année-là. […] Cette année-là, Renan publie sa Vie de Jésus qui démythifie les Évangiles au nom de la raison positive mais paraissent aussi, avec cinquante ans de retard, ces Désastres de la guerre où Goya livrait l’humanité à sa bestialité : ni Dieu ni raison ne l’animent plus.
                ……………………………………………………………………………

Ce texte bref nous en apprend  beaucoup plus sur Rimbaud que certains longs et illisibles commentaires de son oeuvre.

dimanche 5 octobre 2014

Les « Illuminations » du British Muséum, par Jacques Bienvenu


View of London. DR. British Library      

Dans la préface à l’édition originale des Illuminations, en 1886, Verlaine écrit : « Le mot Illuminations est anglais et veut dire gravures coloriées – coloured plates : c’est même le sous-titre que M. Rimbaud avait donné à son manuscrit ». En 1878, dans une lettre adressée à Charles de Sivry, le même Verlaine avait formulé le titre du recueil de poèmes en prose de Rimbaud avec une variante pour le sous-titre : « Avoir relu Illuminations (painted plates) du sieur que tu sais… ». Considérant qu’à cette date Verlaine avait le manuscrit sous les yeux et qu’il ne l’avait peut-être pas revu huit ans après, Bouillane de Lacoste a choisi d’adopter ce dernier sous-titre dans son édition critique des Illuminations.




Cette question du sous-titre posera quelques problèmes aux commentateurs. Ainsi Antoine Adam dans l’édition de la Pléiade de 1972 parlant de « painted plates » écrit : «  les historiens anglais, il est vrai, protestent. Ils soutiennent qu’Illuminations ne peut avoir ce sens ». Il faisait allusion à une publication où le britannique Underwood expliquait que « painted plates » ne peut guère désigner autre chose que des « assiettes peintes ».

Jean-Luc Steinmetz revient sur cette question en 1987 dans un article intitulé : «  La lanterne magique ». Selon lui, le sens d’enluminures du mot illumination  « n’est pas attesté outre mesure dans la langue anglaise ». Cet « outre mesure » semble curieux. Puis il écrit : « Quant au sous-titre il étonne si nous devons le prendre dans son sens le plus ordinaire : assiettes coloriées. Autant dire que les poèmes de Rimbaud seraient à mettre dans le vaisselier de la littérature française »[1].

En 1990, Olivier Bivort, avec plus de justesse, observe que les traducteurs ne tiennent pas compte que dans l’esprit de Verlaine, Illuminations voulait dire gravures, terme qu’il employait dans les deux lettres envoyé à Sivry où il est question des Illuminations. [2].

Jean-Jacques Lefrère plus récemment pose une bonne question. Observant que Verlaine emploie le mot « Illuminécheunes » dans une lettre, écrit : « Cette expression phonétique de la prononciation anglo-saxonne du titre suggère t’elle que le mot Illuminations doit être compris au sens anglais ? »[3]

On voit qu’il est nécessaire de mettre les points sur les i du mot Illuminations. En premier lieu le sens « enluminures » pour Illuminations est attesté, contrairement à ce que suggèrent certains critiques. Il faut aussi savoir que  du temps de Rimbaud le British Muséum possédait une extraordinaire collection d’enluminures dont la période s’étendait sur plus de huit siècles. Les catalogues de l’époque utilisaient le mot illuminations.




Rimbaud fut un lecteur assidu de la bibliothèque du British Muséum, en 1873, pendant le compagnonnage avec Verlaine et en 1874, même après le départ de Germain Nouveau. Il est bien possible qu’il ait eu accès à cette collection[4]. En 2011 - 2012, s’est tenue à la British Library de Londres une grande exposition concernant ces enluminures dont le titre était : The Genius of Illuminations.

Depuis longtemps, Rimbaud est fasciné par les gravures. Le poème L’Éclatante Victoire de Sarrebruck en est en quelque sorte l’illustration puisque le sous-titre mentionne une « gravure brillamment coloriée ».



Gravure présentée à l'exposition Arthur Rimbaud de 1954 


En 1871, dans une lettre à Demeny, le poète, évoquant de « douces vignettes pérenelles où batifolent les cupidons » qui comportaient des « fleurs vertes », fait allusion à des estampes coloriées. 


Estampe 1805

N’oublions pas non plus que dans Une saison en enfer, il écrivait : « J’aimais les peintures idiotes, dessus de portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires […] ».Ce n’est peut-être pas un hasard si dans le poème « Après le Déluge » on peut lire ces deux phrases :

[…] et l’on tira les barques vers la mère étagée là-haut comme sur les gravures.

Dans la grande maison de vitres encore ruisselante les enfants en deuil regardèrent les merveilleuses images.


                                 Scenes from history,DR. British Library
Juxtapositions d’images, caractéristique des Illuminations

Verlaine a donné un sous-titre aux Illuminations qu’il serait dommage d’ignorer. André Guyaux, dans la notice sur les Illuminations du Dictionnaire Rimbaud, lui a redonné toute son importance en indiquant que Verlaine affirmait ainsi la dimension picturale des poèmes en prose de Rimbaud.





[1] « Rimbaud ou la liberté libre », Parade Sauvage, 1987, p. 97-98.
[2] «  Le modèle du discours pictural dans quelques poèmes des Illuminations », Malédiction ou révolution poétique : Lautréamont/Rimbaud , actes du Colloque de Cerisy , Les Valenciennes, n°13, 1990, p.147.
[3] Dans sa biographie de Rimbaud, p. 666.
[4] Aurélia Cervoni, dans le récent Dictionnaire Rimbaud à la notice « British Museum », indique que le musée londonien exposait dans ses vitrines de nombreux manuscrits enluminés, désignés par le terme « illuminations ».